Les commerces de proximité, au cœur du centre-ville de demain

De nombreuses villes, qu’elles soient petites ou moyennes, subissent une désaffection constante. Chômage, pauvreté, problèmes d’habitat, de commerce, de transport… Ce n’est donc plus seulement la situation des commerces de proximité qui doit nous alerter, mais l’état de nos villes dans sa globalité. Réhabiliter les centres-villes est donc devenu une priorité.

Des actions politiques, comme le plan Action Cœur de Ville, sont désormais lancées et d’autres leviers doivent être examinés au cas par cas. En effet, chaque commune, chaque territoire n’a pas les mêmes problématiques et les solutions proposées doivent s’adapter localement.

Il faut donc accompagner ce changement collectivement, sans toutefois se montrer rigide pour s’adapter non seulement aux nouveaux usages de la consommation, mais également aux évolutions de notre société. 

Un constat sévère

Rappelons un fait essentiel : l’attractivité d’un centre-ville ou centre bourg ne repose pas uniquement sur ses seuls magasins. En effet, les fermetures de magasins et le taux élevé de vacance commerciale de certaines villes représentent la partie immergée de l’iceberg. Si les commerces de proximité ont en effet été fragilisés par l’évolution des modes de consommation, les récents sondages et événements ont mis en exergue la place importante qu’ils tiennent dans le cœur des français. Mais les commerces ne sont pas les seuls à pouvoir assurer le dynamisme de nos centres-villes et l’état de certains est devenu préoccupant. Vacance locative, immobilier à rénover, problèmes de transport et d’accessibilité… il faut reconnaître qu’ils ne sont plus tous aussi accueillants. L’urgence est désormais d’agir pour les centres-villes du futur, dont font partie nos commerces.

Des mesures gouvernementales nécessaires

Que l’on souhaite piétonniser certaines rues, ouvrir les commerces le dimanche, créer des taxes sur les locaux vacants, exonérer fiscalement et temporairement les repreneurs de commerces, revoir la fiscalité du pas-de-porte de celle des logements situés au-dessus pour y recréer de l’habitat, alléger des taxes pouvant avoir un impact positif sur la vacance commerciale et locative… chaque jour apporte son lot de nouvelles propositions. Même si certaines sont incomplètes ou maladroites, le débat est ouvert.

La loi Elan, dont l’objectif porte surtout sur le logement, s’inscrit dans une démarche forte de redynamisation des centres-villes des villes moyennes. Elle rejoint ainsi les objectifs du plan Action Cœur de Ville, porté par Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires. Ce programme a désigné en Mars 2018 222 villes moyennes pour y participer et s’est doté d’un financement global de 5 milliards d’euros sur cinq ans. L’objectif : mobiliser l’ensemble des acteurs concernés pour offrir une meilleure dynamique, non seulement de centre-ville, mais également de commerce.

On peut souligner l’écho médiatique de ce programme, qui a su engendrer une prise de conscience collective favorable et initier des politiques volontaristes sur des territoires qui n’y participent pas. Le commerce physique, et plus généralement le centre-ville, est ainsi devenu une préoccupation sociétale et politique prioritaire dans de nombreuses autres communes.

Notons également la présence d’une loi récente, la loi Pinel, qui exige des projets soumis qu’ils contribuent à revitaliser le tissu commercial et à préserver les centres urbains, l’accent étant mis sur la proximité de l’offre par rapport aux lieux de vie.

Un récent rapport propose également d'élargir les horaires d'ouverture des commerces, en réponse aux attentes des français : près des 2 tiers des français aimeraient que plus de commerces soient ouverts le dimanche[1].

Proposer une approche au niveau local

La réflexion portant sur la revitalisation des centres-villes ne doit pas uniquement reposer sur une simple adaptation du commerce aux nouveaux usages de la consommation. Les pouvoirs publics ont un rôle à jouer, et plus précisément les élus locaux qui doivent adapter leurs actions aux problématiques et enjeux locaux, en portant notamment sur des questions d’urbanisme, de logement, de transport ou d’accessibilité. Il est donc nécessaire pour les élus locaux de connaître les mesures existantes, pour évaluer la pertinence des leviers d’action dont ils disposent.

Pour amorcer leur transition numérique, nos commerces, artisans, professions libérales, services… doivent pouvoir bénéficier d’aides, d’écoute et d’accompagnement de la part des collectivités. Les villes peuvent également proposer un site et/ou une application présentant les commerces du centre-ville, les événements locaux, les moyens de transport, les possibilités de stationnement…

Pour répondre à l’ensemble de ces problématiques, ils doivent cependant être rejoints par l’ensemble des parties prenantes (services publics, associations de commerçants, enseignes, propriétaires bailleurs, transport…) pour contribuer collectivement au centre-ville et au commerce de demain, en engageant un meilleur dialogue local. Dialogue qui peut être également favorisé par le recrutement d’un manager de centre-ville. Cette profession, en pleine expansion, permet d’assurer le lien entre tous les acteurs, tenant compte des problématiques liées à la Ville et à celles du commerce.

Et savoir s’adapter aux évolutions

Il est cependant nécessaire de rappeler que toute évolution règlementaire doit avant tout s'adapter au contexte et aux changements dans les habitudes de consommation. Ce qui était vrai hier ne l’est plus aujourd’hui, et le e-commerce, qui a, ces dernières années, soufflé le chaud et le froid sur les usages de consommation, est l’exemple le plus parlant.

L’objectif étant de voir perdurer nos commerces de proximité et d’impulser nos ‘’cœurs de ville’’.

Soulignons également l’émergence d’initiatives novatrices

Sans être exhaustive, citons également une liste d’initiatives novatrices qui permettent, d’une part, aux collectivités de proposer des politiques volontaristes en faveur d’une redynamisation de leur centre-ville, et d’autre part, aux commerçants, artisans et TPE de lancer leur affaire ou de la transmettre avec plus de sérénité :

Composée notamment d’élus locaux, l’association ‘’Centre-ville en Mouvement’’, présidée par Patrick VIGNAL, député de l’Hérault, veut ‘’fédérer l’ensemble des acteurs liés à l’activité des centres-villes en termes de transport, commerce, urbanisme, emploi et environnement’’. Véritable plateforme nationale, l’association sensibilise et met en œuvre des programmes pour maintenir le commerce de proximité et renforcer le dynamisme des centres-villes. Au travers de son Réseau des Centres-Villes Durables et de l’Innovation, elle offre aux collectivités qui le souhaitent l’opportunité de bénéficier de ressources, de conférences, d’ateliers et de visites sur le terrain.

La Fédération Nationale des Centres-Villes (FNCV), premier réseau d'associations de commerçants de France, a pour objectif de conseiller, d’accompagner et d’assurer le lien entre les associations de commerçants, les mairies, les communautés de communes et les CCI adhérentes. Elle propose ainsi son expertise, ainsi que des outils et partenaires labellisés Vitrines de France, pour dynamiser les villes participantes et ainsi allier commerce, culture, transports et services.

La Fédération des Boutiques à l’Essai offre une solution pour transformer l'essai d'une idée de commerce en faisant bénéficier un porteur de projet d'une boutique avec loyer négocié, d’un accompagnement à la création d’entreprise, d’un kit de communication et de conseils et travaux d’agencement à tarifs préférentiels. Ce sont les collectivités intéressées dans le développement de l'opération sur leur territoire (45 en 2018) qui contactent directement la Fédération et l’ensemble des échanges et retours d’expériences permettent d’améliorer le concept.

Pour lutter contre la vacance commerciale, Prosper en affaires, nouvelle plateforme de mise en relation directe entre acheteurs et vendeurs de commerces de proximité, vient également répondre à un besoin de simplification des rencontres pour assurer la pérennité des projets d’achat, de vente ou de location gérance des fonds de commerce. La plateforme met ainsi en place un écosystème d’experts et partenaires locaux (experts-comptables, banquiers…) pour proposer à ses membres un accompagnement et des prestations de proximité pour faire le bon choix, et assurer ainsi la transmission des affaires en vente pour le maintien de nos commerces. L’ouverture de la plateforme aux collectivités locales, leur permettra de diffuser des appels à projets d'implantation ou de reprise de commerce ou d'entreprise.

 

Retrouvez tous les articles de notre dossier spécial ''Nos commerces de proximité, notre richesse'' :

 


[1] D’après une étude réalisée par BVA pour la Presse régionale (septembre 2018)