Vers une mutation du mode de vie des Français : comment reprendre un commerce de village ?

Le confinement ayant laissé des traces, le comportement des français urbains est en train d’évoluer : beaucoup s’orientent vers un changement de vie. Grand nombre de métropolitains sont sortis de cette étape avec envie de quitter la ville et se rapprocher de la campagne. Une partie d’entre eux projettent alors de réaliser un rêve qui était en sommeil chez eux : créer une entreprise et reprendre un fonds de commerce dans un village. Découvrez les points essentiels à la réussite de ce changement de vie.

Reprendre une entreprise de village : les avantages et les points d’attention 

Une pizzeria, une épicerie, un hôtel restaurant ou encore un salon de coiffure : vous projetez d’acquérir une entreprise déjà existante dans un village ? Voilà les avantages :

En reprenant un commerce, vous sautez les étapes liées à la création d’une nouvelle structure et évitez ainsi certaines contraintes : la recherche d’un local, la signature d’un bail commercial, la mise aux normes des locaux commerciaux, le financement du fonds de roulement nécessaire au lancement de l’activité, parmi d’autres.

De nombreux avantages s’offrent à vous. En effet, vous pourrez bénéficier d’aides et d’exonérations si vous êtes dans une zone dite de « revitalisation rurale ». Un soutien financier non négligeable pour soutenir les premières années de votre projet entrepreneurial.Comme toute reprise d'ailleurs, vous n’aurez pas besoin d’investir dans le local ni dans du matériel puisque, rachetant un fonds de commerce, vous bénéficiez de tous les éléments corporels et incorporels qu’il comporte : mobiliers, installations, équipements, clientèle, droit au bail, site internet, licences, brevets... Un véritable gain de temps, d’énergie et d’investissement qui vous permettra d’ouvrir sans vous poser de questions d’ordre financier ou logistique. Avec un apport raisonnable, vous aurez également plus facilement les faveurs de la banque pour votre financement que si vous vous trouviez dans une démarche de création d’entreprise en partant de zéro.

Enfin, le taux de pérennité et de succès des reprises d’entreprises et de commerces est plus élevé que celui des créations. On estime entre 70% à 80% les entreprises toujours actives 5 ans après leur reprise, contre 50% des entreprises ayant fait l’objet d’une création. 

Mais attention, reprendre une entreprise ou un commerce, sans avoir fait une découverte suffisante de l’affaire d’un cédant inconnu, peut parfois s’avérer risqué. Voici les points d’attention à surveiller lors d’une reprise de fonds de commerce en zone rurale :

La réputation de l’affaire ou de l’ancien exploitant 

Si le commerce n’avait pas bonne presse, il faudra savoir en redorer l’image et faire savoir qu’un changement de propriétaire a eu lieu. Lors de la transmission d’une affaire, peut se transmettre également une image de marque, bonne comme mauvaise ! A vous d’être créatif pour mettre en avant le renouveau et bien marquer le changement de propriétaire !

L’état du matériel et de l’équipement 

Si vous avez un doute sur l’état du matériel cédé avec le fonds (chambre froide, four, vitrines réfrigérées, véhicule etc…), n’hésitez pas à vous entourer de professionnels capables de vérifier que le matériel n’est pas obsolète ou déficient. Se faire accompagner est une bonne façon de redoubler de vigilance.

Le marché surévalué  

Avant la reprise du commerce, faites vérifier par votre expert-comptable les bilans du vendeur. N’hésitez pas à vérifier que les perspectives de développement annoncées correspondent au potentiel du commerce, de sa zone de chalandise et de son implantation, surtout si vous êtes nouveau dans la région.

L’évolution du village et de la région  

Il s’agit d’analyser les perspectives d’évolution démographique de la zone de chalandise : va-t-elle augmenter dans les prochaines années sous l’effet d’un afflux de nouveaux arrivants ou au contraire la zone dépérit-elle ? La fréquentation touristique de la région est-elle en hausse ou plutôt en berne ?

 

Les points incontournables

La découverte de l’affaire : “l’enquête” 

Trouver le bon commerce à reprendre n’est pas évident. Il s’agit aussi de bien connaître l’historique de l’affaire que vous vous apprêtez à acquérir : son environnement, ses fournisseurs, sa typologie de clientèle, ses concurrents, ses points forts mais aussi ses points faibles. N’ayez pas peur de poser trop de questions au cédant. Vous devez aussi savoir pourquoi il vend, ses motivations, ses futurs projets. En clair, vous ne devez pas hésiter à mener votre petite “enquête” !

L’étude de marché

Avant de reprendre une affaire, il faut se renseigner sur le secteur, la concurrence et les habitudes de consommations locales des habitants de façon à pouvoir réaliser un prévisionnel et un business plan adapté avec votre expert-comptable. Il vous aidera également à être certain que votre projet de reprise est au bon prix de cession. Dans le cadre de cette étude, vous devez prendre en considération :

La marge de progression 

Dans un village, en zone rurale, le potentiel de clientèle n’est pas le même qu’en zone urbaine. Aussi, vous devrez particulièrement pensez à fidéliser vos clients pour qu’ils fréquentent régulièrement votre commerce. En tant que nouvel exploitant, vous devrez être en mesure de vous différencier de votre prédécesseur et d’offrir le meilleur niveau de services et la meilleure qualité de produits.

Attention toutefois à ne pas tout chambouler dès que vous entrerez dans les lieux pour ne pas dérouter la clientèle, surtout si l’affaire que vous envisagez fonctionne déjà plutôt bien. Dans ce cas, vous devrez attendre quelques temps avant d’envisager de premiers changements.

La connaissance de la zone d’implantation et du secteur d’activité 

Qu’il s’agisse d’une épicerie ou d’un bar tabac, le fonctionnement d’un commerce est bien sûr dépendant du flux de clients et de leurs habitudes de consommation. En zone rurale, il est plus facile d’aller à la rencontre des habitants, de s’intégrer à la vie du village et de prendre le temps d’échanger et de se présenter. Interrogez-les sur la région, ses atouts et la fréquentation touristique. Essayez également de rencontrer un commerçant d’un autre secteur d’activité pour qu’il vous donne sa vision du village et du commerce que vous souhaitez acheter. Ils seront probablement plus bavards que votre vendeur !

L’environnement socio-économique

Vous pouvez aussi vous tourner vers la CCI ou la Chambre des Métiers et de l’Artisanat pour demander conseil : ils pourront vous accompagner dans le cadre de votre projet de reprise. Les services économiques de la Communauté de communes sur laquelle se trouve votre futur commerce ou entreprise sont également là pour vous accompagner et vous aider à identifier les aides financières à la reprise d’entreprise. En bref, vous ne serez pas tout seul, des professionnels sont là pour accompagner à la transmission d’entreprises ou de commerces sur leurs territoires.

 

Les aides financières pour un rachat d’entreprise en zone rurale 

L’aide aux Zones de Revitalisation Rurale (ZRR)

En tant qu’entrepreneur repreneur d’un fonds de commerce de village, vous pouvez être éligible aux régimes d’exonération fiscale et d’exonération de cotisations sociales. La condition sine qua none : que l’entreprise à reprendre soit située dans une ZRR. Autrement dit, une Zone de Revitalisation Rurale. Vous pouvez consulter la carte de ZRR ici. Si vous faites partie des porteurs de projets dont le futur commerce ou future entreprise se trouve dans la bonne zone, vous bénéficierez temporairement : 

  • D’une exonération d’impôts (en fonction de votre statut juridique : impôts sur le revenu pour un auto entrepreneur / impôts sur les entreprises pour une société.)

  • D’une exonération de CET (Contribution Economique Territoriale)

  • D’une exonération de taxe foncière et de taxe d’habitation dans certains cas

  • D’une exonération des cotisations sociales patronales si vous êtes employeur

Le dispositif des Aides à Finalités Régionales (AFR)

Si vous créez une entreprise dans le cadre de votre projet de reprise, vous pourriez bénéficier de ce dispositif. Pour savoir si vous êtes éligible, il faut vérifier que la commune visée par la cession est bien classée en zone AFR sur le site de l’Observatoire des territoires. Visant à aider les porteurs de projet qui ont choisi de s’implanter dans une de ces zones, cette aide doit être demandée avant le 31 décembre 2020. Elle concerne uniquement les commerces de proximité et d’artisanat (une boucherie charcuterie, une pâtisserie, une boulangerie, un traiteur, un bar restaurant…) et exclut les activités de service (banques, assurances, gestion, location…). Cette aide offre aux repreneurs un dispositif d’exonération d’impôts de deux ans. Attention, cette aide ne concerne pas les entreprises dont les parts sociales sont détenues à plus de 50% par une autre société. Le repreneur doit avoir plus de 51% des parts.

L’aide à la Reprise ou à la Création d’entreprise

Si vous êtes demandeur d’emploi, et que vous avez un projet de création ou de reprise d’une entreprise ou d’un commerce, vous pouvez recevoir le soutien de l’Etat avec une avance en capital de 45% de l’allocation chômage qu’il vous reste à percevoir. Pour faire la demande, il faudra vous rapprocher de votre conseiller Pôle Emploi et lui expliquer votre projet de reprise. Une première mise en relation avec votre conseiller peut se faire via votre espace personnel sur le site de Pôle Emploi.

 

Maintenant que vous savez tout ça, vous n’avez plus qu’à trouver une belle affaire à reprendre !

Bonne chance !