Le secteur de la Restauration face à la crise du Covid19

Avec ses 168 000 restaurants, 38 800 bars ou cafés, 18 600 hôtels et 6000 établissements de nuit, la France compte plus de deux cent mille sociétés dans les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration. Ces secteurs, sévèrement impactés par les mesures de confinement mises en place le 16 mars dernier, seront certainement les derniers à pouvoir accueillir à nouveau du public. 

Pas moins d’un million de salariés sont affectés par cet arrêt temporaire d’activité et par la crainte d’un avenir incertain. Près de 20% des professionnels sont aujourd’hui menacés de faillite selon Roland Héguy (Président de l’Union des Métiers de l’Industrie Hôtelière).

 

Quelles hypothèses pour demain ?

Une visioconférence de soutien et d’échange s’est tenue vendredi 24 avril entre le Président et des professionnels de la filière (parmi lesquels des chefs hautement médiatisés tels que Michel Sarran ou Philippe Etchebest) avec des attentes bien précises de la part des acteurs du tourisme et de la restauration, notamment :

  • L’exemption du paiement des taxes et des impôts locaux en 2020,

  • L’annulation des loyers sur 6 mois,

  • La prolongation des mesures en faveur du chômage partiel des salariés,

  • La prise en charge d’au moins une partie des pertes d’exploitation.

Lors de l’entretien, Emmanuel Macron a assuré qu’un plan de soutien spécial était sur le point d’être mis en place avec la création d’un fond d’investissement dédié, insistant à plusieurs reprises sur la « mobilisation totale » de l’état avec les mesures suivantes : 

  • L’annulation totale des charges sociales et fiscales de mars à juin,

  • L’élargissement du fond de solidarité à partir du premier juin aux entreprises ayant jusqu’à 2 millions d’euros de chiffre d’affaire et 20 salariés (contre 1 million d’euros et 10 salariés actuellement). Il pourra s’étendre jusqu’à 10 000€ par établissement.

Si les questions des loyers et des assurances restent encore en suspens, l’effort du gouvernement s’élève désormais à hauteur de 8 milliards d’euros. Des nouvelles mesures qui devraient « limiter les faillites » selon Roland Héguy.

 

Un guide des bonnes pratiques à l’étude : 

La rédaction d’un « guide des bonnes pratiques » par la profession est également en cours. Ce guide permettra une réouverture dans les meilleures conditions possibles. Il aura aussi pour but d’assurer une sécurisation juridique pour les restaurateurs, de façon à ne pas être attaquable pénalement si un client ou un salarié venait à tomber malade.

Ce guide contiendrait entre autres les mesures suivantes :

  • Le port du masque

  • Le lavage des mains toutes les 30 minutes

  • La distance obligatoire d’un mètre entre chaque table

  • La limite des réservations à 8 personnes

  • Les menus écrits sur ardoises

  • La prise de température des salariés chaque matin…

Si ces mesures, à l’étude, en rassurent certains, elles inquiètent pour d’autres : entre un tiers et la moitié d’occupation des lieux serait perdue, ce qui entraînerait une chute du chiffre d’affaire sur le reste de l’année 2020. 

 

Rendez-vous fin mai ?

S’ils n’ont pas eu de date claire de réouverture, le Président s’est engagé à les recevoir à nouveau fin mai, date à laquelle un premier bilan des conséquences du déconfinement pourra être dressé. Il faudra compter entre 15 et 20 jours pour savoir si le virus est contenu ou s’il recommence à se propager. Dans le cas où l’épidémie s’essouffle, les restaurants de plein air pourraient rouvrir rapidement, et la mise en place d’un calendrier dédié aux autres acteurs du secteur verrait le jour.


Si l’Etat et la profession cherchent des solutions, les consommateurs ont hâte de retrouver leurs habitudes et leurs comptoirs. Les initiatives se multiplient pour venir en aide à ce secteur sinistré, à l’image des sites jaimemonbistrot.fr, sauvetoncommerce.fr ou aidonsnosrestaurants.fr. L’ironie du sort veut que le géant InBev lui-même, qui détient la marque Corona, soit l’initiateur du site barsolidaire.fr. Des sites sur lesquel les clients peuvent pré-commander des bons d’achat dans l’établissement leur choix et qu’ils pourront consommer à la fin du confinement. Une démarche engagée qui permet à l’établissement de continuer à recevoir un fond de trésorerie.