Réouverture des commerces: un premier bilan contrasté

Une semaine tout juste s’est écoulée depuis le déconfinement, synonyme de la réouverture des commerces (hors secteur CHR). Les consommateurs reprennent lentement leurs habitudes. A l’aube de l’ère post-confinement, nous pouvons déjà observer leurs comportements et leurs priorités.

Les commerces privilégiés par les consommateurs

Si certains Français sont encore un peu frileux à l’idée de sortir tant que l’épidémie n’est pas totalement contenue, d’autres se trouvaient déjà ce lundi 11 mai dans les rues des centres-villes. Ceux-là étaient bien décidés à renouer avec le shopping dont ils ont été privés deux mois durant.

C’est le cas des grandes enseignes comme Zara, Primark ou encore Ikea. Les géants du marché ont accueilli, dès lundi matin, une foule de consommateurs venus chercher des choses bien précises pour certains, ou arpenter les rayons des boutiques pour d’autres. « L’effet foule » est notamment dû aux mesures de sécurité appliquées à tous les commerces, impliquant un nombre restreint de personnes à l’intérieur, et une file d’attente, parfois interminable, à l’extérieur.

Les commerces liés à l’hygiène, au soin et à la culture ont également pu retrouver leur clientèle. Coiffeurs, centres esthétiques ou encore libraires ont parfois dû étendre leurs horaires afin de pouvoir répondre à la demande, et rattraper la perte financière de ces 55 derniers jours de fermeture.
 

Les petits commerçants: un retour qui inquiète

Alors que les secteurs névralgiques retrouvent leur clientèle, les petits commerçants, eux, s’inquiètent. Certaines boutiques annoncent un chiffre d’affaire proche de zéro après quelques jours d’activité. Un redémarrage d’autant plus inquiétant que ces deux derniers mois ont mis de nombreux commerces au bord de la faillite. Un sursis pour certains, qui craignent la fermeture de leur commerce si les aides soutenues par l’Etat ne compensent pas le manque à gagner.

Des premiers jours flottants

Dans certaines régions, près de 60% des commerces urbains sont en danger. Un danger qui interpèle les différentes Associations des Commerçants, à l’image de Benoit DELSUC, Président de Poitiers le Centre : « J’étais persuadé que les gens allait rapidement revenir, mais ils ont visiblement toujours peur. Les résultats sont très inquiétants. (…) Nous avons besoin d’aides concrètes des collectivités. » Malgré le dispositif mis en place dans chaque commerce, les clients ne répondent pas à l’appel. Ce n’est certainement pas la météo de cette première semaine post-confinement qui incitera la population à retrouver leurs habitudes.

Sans hôtels, sans restaurants, sans cafés, sans…touristes

Ce qu’on appelle « le jour de l’après » se conjugue au pluriel avec une reprise lente. Les petits commerçants accusent le coup, justifié par la fermeture toujours requise des hôtels, restaurants et cafés, qui n’entraînent pas plus le public à s’exposer au coeur des centres-villes. 

En constatant l’impossibilité de dépasser les 100kms de son domicile, les petits commerçants y voient notamment un manque à gagner économique. Sans touristes, peu d’activité pour certains qui déplorent l’absence de leur chiffre d’affaire. D’autres craignent une reprise à la normale à partir de septembre 2020, qui signerait alors la fermeture administrative de leur commerce.
 

La date des soldes d’été remise en question ?

Initialement prévues le 24 juin, les soldes d’été sont amenées à changer de date. La CDF (Confédération Des Commerçants) a fait la demande d’un report exceptionnel au 22 juillet. Cette nouvelle échéance offrirait aux commerçants la possibilité d’écouler une partie de leur stock au prix normal au sortir de ce long confinement avant d’entamer une période de promotions. La CDF demande également un prolongement de 6 semaines au lieu de 4, pour arriver jusqu’au 11 août.

 

Ce premier bilan contrasté montre des Français prudents, mais qui semblent avoir envie de recommencer à dépenser, à l’issue de deux mois de confinement marqués par moins 35% de consommation des ménages. La plupart d’entre eux ayant profité de cette période pour épargner 50% d’argent en plus en moyenne, on peut imaginer qu’ils projettent de se servir de ces économies pour consommer à nouveau.